JEAN LUC CHALUMEAU – critique d’art

15 Avr 2011, by Editorialiste in Revue de presse

Lettre de Jean Luc Chalumeau à Gérard Le Cloarec

Mon cher Gérard, Lorsque mourut Eugène Delacroix, sa famille fit suivre son nom, sur le faire-part de deuil, de la mention « peintre d’histoire ».

 

Ce n’est pas ce que feront tes proches, le plus tard possible évidemment, lorsque tu rejoindras le paradis des artistes. Ils annonceront plutôt le départ de Gérard Le Cloarec, peintre de portraits.

 

Tu n’es pas, en effet, un peintre d’histoire, terme fort désuet, qui n’était chic qu’aux XVIIIe et XIXe siècles. De toute façon, comme se le demandait Diderot dans son Salon de 1767, « pourquoi un peintre d’histoire est-il communément un mauvais portraitiste ? »

 

Or tu es un excellent portraitiste, dans un genre dont tu es même le créateur : le portrait tellurien.

 

Qu’est-ce qu’un portrait ? Le Larousse nous dit qu’il s’agit d’une image donnée d’une personne par la peinture, le dessin, la sculpture ou la photographie. Qu’est-ce qui est tellurien ou tellurique ? C’est ce qui a rapport à la terre, à son influence sur les corps organisés (selon la même source).

 

Mais alors, qu’est-ce qu’un portrait tellurien ? Pour comprendre comment de puissantes forces invisibles agissent sur les visages dont tu t’empares, faut-il recourir à la version familière du mot portrait ? Je vais lui casser le portrait dit-on aussi bien que « casser la figure ».

 

Tes portraits, tu sembles les casser en effet, mais c’est pour mieux les reconstruire selon les lois mystérieuses de la peinture en train de se faire, et nous en donner des versions à nulle autre pareille.

 

Revenons, pour finir, à Diderot qui déclarait : « Point de grands peintres qui n’aient su faire les portraits : témoins Raphaël, Rubens, Le Sueur, VanDyck… ».

 

Mon cher Gérard, te voici inscrit dans une flatteuse lignée, puissent tes héritiers s’en souvenir le jour venu !

 

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